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lundi 12 mai 2014

Quand George Weaver fait
son blogueur lambda (bis)


« Tu la vois, ta bagnole, là-bas ? »

Merde.
Tuile.
Là, c'était la grosse tuile.
La tuile mahousse, vraiment.

À l'instant même où j'ai ouvert les yeux, complètement dans le coltard sans bien me souvenir de la veille, une évidence m'a frappé comme un éclair : quelque chose clochait grave et ça avait rapport avec la bagnole, que je n'avais pas utilisée depuis des semaines. Et en rentrant la veille en zig-zag à pieds, j'avais bien capté du coin de l'œil qu'elle était pas là, la vieille.

On était le douze juillet, fin d'après-midi.
J'avale un café et je file voir si la caisse était encore là.

Hé non, disparue.

Vérole ! (comme disait l'autre…)
Bordel de merde de chiotte de pute de saperlotte ! (toutes chose égales d'ailleurs et sauf votre respect, mais enfin bon).

Bon, alors on est dans le Haut-Montreuil, un quartier que je connais fort mal au final, je file fissa zieuter sur Internouille les coordonnées du comico, il commence à se faire tard, une voix de fliquesse au téléphone :
— Ah non, Monsieur, à cette immatriculation-là on n'a aucun véhicule enlevé dans le périmètre.
Merde, quel con !
Mais qui a pu être assez taré, aussi, pour piquer une bagnole aussi pourrie ?

D'autant que, ça me revient maintenant, la batterie était morte, fallait la changer, impossible de démarrer. C'est quoi, cette histoire ?
Bon allez, tant pis, dodo, on verra demain.
En plus je m'en foutais un peu, au fond : je venais de tomber amoureux.

Au réveil, il était midi, comme disait l'autre (pas le même que ci-dessus : le Je qui était un autre), et les idées se remettent un peu mieux en place.
Pas inutile de retenter le coup auprès des flics, d'autant qu'à la réflexion on est au croisement de plusieurs communes : Montreuil, Romainville, Les Lilas, Rosny, Fontenay, Noisy-le-Sec — essayons une recherche élargie.
Bingo ! (comme disait l'autre — oui, le premier sus-cité : Patrick Cauvin de son nom de plume) La caisse a été enlevée par les services du commissariat des Lilas, embarquée à la fourrière d'Aubervilliers.
Aaaah, quel soulagement, tout d'un coup, d'apprendre que ta tuture n'a pas été soutirée par des jobards mais qu'elle est bien au chaud chez les flics !

Mais bon, quand même, ça pourrait aller mieux.
Motif d'enlèvement ?
Défaut d'assurance : le papillon visible sur le pare-brise était périmé depuis plusieurs mois.

Ah.
Ah, zut.
Et comment je fais pour la récupérer ? (ça douille vite, vous savez, les jours de fourrière)
— Hé bien vous venez au commissariat des Lilas avec la carte grise, l'assurance et le certificat de contrôle technique, on vous remettra un papier que vous irez ensuite présenter à la fourrière pour récupérer votre véhicule.
Bon, d'accord… (d'autant que c'est super-facile, quand on n'a plus de bagnole — et pour cause… —, de circuler entre toutes ces banlieues…)
Mais d'abord, faut aller acheter une batterie neuve au supermarché de pièces auto à Rosny-sous-Bois (heureusement y'a la moto — hem, hé oui, George Weaver dispose d'un sacré parc de véhicules !)

Mais merde —  meeeerde ! — encore une fois.
Quoi ?
L'assurance…
L'assurance.
Ourf ! L'ASSURANCE ! Bon sang de patatane de bourzouf de crétinouille !
« Défaut d'assurance », pourquoi ?
Parce que je n'avais pas mis à jour le papillon du pare-brise depuis six mois, et pour cause : n'ayant plus une thune depuis belle lurette, j'avais carrément arrêté de payer l'assurance, point-barre.
Bon, essayons quand même…
J'arrive au comico des Lilas, l'air le plus détaché possible, je présente les papiers… « Tsss, tsss… non, non, Monsieur, il nous faut une carte d'assurance à jour ! »
Glurp…

Et là, deuxième éclair.
Rappelle-toi, bon sang, tu as déjà reçu une injonction de l'assureur l'an dernier, ils t'ont obligé à passer en prélèvement automatique pour défauts répétés de paiement !
Zoum zoum zoum, le cerveau passe à la vitesse supérieure dans ce foutu comico des Lilas planqué au milieu de nulle part…
Ah, d'accord, voui, ça me revient maintenant : en réalité j'étais toujours régulièrement assuré (alors que depuis six mois je flippais à l'éventualité d'un contrôle de flics) donc forcément la carte verte m'était arrivée à un moment donné, sauf que cela fait plusieurs années que je n'ouvre plus le courrier administratif (pas la peine : c'est que des factures que je n'ai pas les moyens de régler).

OK, direction Paris, le bouclard.
Je reprends toute la masse de courrier cacheté, je trie un peu pendant une heure, et là, re-bingo ! l'enveloppe avec la carte verte et tout ce qu'il fallait pour les condés.
Yourf ! Youpi ! Hourrah, etc. !
Retour aux Lilas, tout fiérot (ça a pris des heures, tous ces trajets, mais je commençais à trouver ça marrant, de perdre mon temps à toutes ces conneries dans des banlieues improbables, ça me faisait penser à Jacques Sternberg, et puis j'étais pas peu fier de tenir enfin la clé du problème — un peu comme Dupin, aussi, dans La lettre volée), je retombe sur les deux mêmes troufions : « Ben vous voyez, suffisait de dégotter le bon papier, on va vous la filer, votre autorisation de récupération du véhicule ! » (avec quand même un P.V. de 35 € en sus)…
Ouf.
Mais là, mrouf, gros coup de barre.
Il est 18h, je suis aux Lilas, la fourrière d'Aubervilliers est à perpète, elle ferme dans une heure, demain c'est le 14 juillet, bref, galère en perspective.

Troisième éclair !
Ma nouvelle amoureuse a une voiture, non ?
Mais oui, et en plus… — ah, non, je n'en dis pas plus.
Je l'appelle, je lui explique tout le bouzin, d'accord, elle me rejoint de suite, toute contente et moi aussi (d'autant que ça fournissait un prétexte pour la revoir plus vite que prévu). Ouf, et hourrah ! tous les dragons étaient terrassés.

18h50, on arrive à Aubervilliers (ambiance glauque, je te dis pas). J'allonge la thune, le lumpen va pour repérer où est garée la caisse, et… merde !
— Ah non, désolé Monsieur Weaver, en fait on n'avait plus de place ici, votre véhicule a été transféré à Bagnolet.
— Pardon ?
— Votre voiture est dans la remise de Bagnolet, il faut aller la chercher là-bas, je vais vous indiquer l'adresse (mais sans aucun plan pour aller d'ici à là-bas).

OK, super ! Il est 19h30, demain tout ça sera fermé et c'est soixante boules par jour.

Après pas mal de circonvolutions, de demandes de renseignements à des bègues et plein d'hésitations, on finit par trouver l'endroit, totalement inaccessible sauf à franchir des rails de tram et à enfreindre des sens interdits (ce qu'on a fini par faire, tout ça commençait à nous faire pisser de rire), on finit donc par trouver l'endroit (que le pauvre bougre de gardien sans-papiers, prévenu par la bonne femme de la fourrière, maintenait gracieusement ouvert à notre intention), et là,

Boum !

Apoplexie de beauté.

Une ancienne usine, immense, quasi réduite à ses squelettes métalliques, une splendeur absolue d'architecture du XIXe qu'on ne verra plus jamais, encombrée de partout de quantité de bagnoles, jusqu'à des DS et des DAF, des 403 et je sais pas quoi, des mécaniques complètement improbables datant de bien bien avant dans le siècle dernier (vous vous souvenez ?)

Le gars ouvre la grille soigneusement cadenassée, il est tard, il est un peu inquiet, d'autant qu'il n'est pas sûr qu'on puisse extraire ma bagnole du monstrueux parc entassé.
Si, ouf ! une fois de plus, la caisse est bien là et assez facilement déplaçable, mais ce garçon devient carrément vert quand je me mets à ouvrir le capot pour remplacer la batterie.

Ça prend cinq minutes, quelques tours de clés plates et à pipe, je referme le capot, la bagnole démarre nickel, je propose au type de le ramener à la grille (dont on était très loin, mais vraiment loin : cet endroit est carrément immense), ouf ! fini l'histoire, ça a coûté pas mal de ronds mais c'est réglé, le gardien me fait un signe complice, claque la portière et regagne sa guérite, et puis d'un coup je le vois revenir en panique, taper à la vitre arrière alors que je redémarrais enfin : il avait laissé choir son téléphone portable ultra-moderne dans ma pauvre Opel Break de 1996.

Après, on s'est retrouvés, moi et cette belle nouvelle amoureuse, et vraiment, comme on dit dans Le petit Nicolas, au final, ça a été une chouette journée !


(Pour mémoire, le précédent épisode de ces obscénités était ici)

3 commentaires:

  1. Elles sont tout de même plaisantes, les aventures du blogueur lambda. Mais va-t-il vraiment falloir attendre trois ans et demi pour un nouvel épisode ?

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  2. Ah mais tu sais, Florence, contrairement à d'autres — et comme je le rappelais l'autre jour —, je n'ai franchement rien à raconter…

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  3. Tss tss, je n'en suis pas si sûre, mais bon ! En même temps, on ne va pas te souhaiter de te faire tous les jours embarquer ta voiture pas la fourrière... On attendra, donc, on attendra.

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