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vendredi 22 février 2013

Pari perdu (2)




Voici trois ans et demi, j'avais consacré un billet à la chanson Paris-jadis qu'interprètent Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle dans le générique de début du film de Bertrand Tavernier, Des enfants gâtés. Soit dit en passant, je crois que c'est le billet qui a suscité le plus riche échange de commentaires sur ce blogue, grâce à l'érudition inépuisable de certain Anonyme Historique qui a hélas depuis longtemps déserté ces fichus parages — on avait dérivé vers une fructueuse confrontation de divergences relatives à quelques passages du Pont Mirabeau d'Apollinaire…

Bref, j'ai retrouvé le générique qui ouvre le film (merci, Ubi !), et le second degré de la chanson est bel et bien patent — c'est épatant !

Mais depuis, comme le notait déjà Debord deux ans seulement après la sortie de ce film, dans sa Préface à la quatrième édition italienne de « La Société du Spectacle », « la marchandise spectaculaire a été amenée à un étonnant renversement de son type de justification mensongère » : les néo-villes ne sont désormais plus hérissées de fer, de verre et de béton mais présentent le charme jaunement rieur des bourgades d'antan : rues piétonnes, immeubles proprets, parterres fleuris — il ne manque que des êtres réellement humains, mais c'est un détail, n'est-ce pas ? Et c'est ainsi que « le faux peut relever légalement le nom du vrai qui s’est éteint. » (ibid.)

À ce sujet, on lira avec profit le vigoureux opuscule récemment paru aux éditions 13 bis, Guide du XXe (arrondissement) pour le XXIe (siècle).

mercredi 20 février 2013

Deus civets Natura
(Ethica, IV, praef.)*


L'ami Guetch vient de nous transmettre une explication cristalline de la récente démission vaticanesque (Va-t-y caner ? Y s'en va-t-y quand ?), que je m'empresse de reproduire ici-même.

Pour comprendre l'identification guetchienne entre Benoît/Baruch/Benedictus Spinoza et cette moindre huile qu'est le sieur Weaver, on se reportera à cette explication.

Et on notera de la part de l'auteur une certaine persistance dans son intérêt pour cette mascarade truandesquement mortifère qu'est l'institution papale : il n'est que d'écouter le triptyque « La Croix - La Bannière - L'Oblat » sur l'album Les quatre saisons


I

Benoît Weaver est horloger
C’est un pauvr’ typ’, l’est mal logé ;
Il se nourrit que de lentilles ;
Pour vivre il polit d’autr’s lentilles.

Un gars vient l’voir à Amsterdam(e)
Tous les ans pour s’ taper quelqu’s dames
En vitrine. Et pour la fumette.
Et puis pour s’ fair’ r’fair’ ses lunettes.

(il manque effectivement un verre à cette paire de lunettes…) 

Ç’ mec en blanc au visag’ poupin
Sait qu’l’horloger est un youpin
Mais lui-mêm’ quoiqu’ bon catholique
Ç’ lui fout pas plus qu’ ça la colique :

D’ s’ fair’ fair’ ses lunett’s par un youtre,
Bicot, catho qu’est-ç’ qu’ ça peut foutre ?
Si ç’ n’est qu’ ce juif est jaun’ de teint
Et peu porté sur les putains !

Et surtout dit : « Non ! Moi non ! Stop ! »
Quand l’autr’ l’entraîne au Coffee Shop.
Un soir qu’il a chichonné grave
L’ catho rentre et réveill’ l’Batave

Et lui dit : « D’main j’ r’pars pas at home
T’irais pas à ma place ? » « — À Rome ? »,
S’exclam’ surpris l’Néerlandais.
« Ben ouais t’en as pas marr’ d’glander

À fair’ des lentill’s d’télescopes ?
T’t à l’heur’ j’pensais dans l’ Coffee Shop(e)
Que mon boulot là-bas me gave ».
« Moi y m’ plairait bien ! » dit l’Batave,

« Toi tu t’ bourr’rais d’Marijuana
Moi j’ leur chant’rais quèqu’s z’Hosannah !
Et j’aurais enfin un peu d’pèze ! »
« C’est décidé », dit Benoît Seize

« J’ démissionne et j’ reste en Hollande.
Le Vatican me fout les glandes
Plein l’ cul des Ora pro nobis,
Viv’nt les putass’s et l’ cannabis !

Weaver, toi ç’ t’ira la nuisette
Et de t’app’ler Benoît Dix-Sept(e) !
Imagin’ toi en blanch’ nuisette !
Et t’appelant Benoît Dix-Sept(e) !


II

L’ lend’main à la gar’ d’Amsterdam(e)
Sur l’ quai d’ l’Express La Hay’-Bergame
Le mec Weaver faisait moins l’ fièr(e) :
« Est-ç’que là-bas j’aurai d’la bière

Ou qu’ces cur’tons de snobinards
Vont m’ forcer à boir’ leur pinard ? »
« Mais non, t’inquièt', l’Arch’vêqu’ d’ Canter-
Bury n’est autr’ que Maîtr’ Kanter !

Z’allez v’z’en taper, ma salope,
Des galopins, des d’mis, des chopes,
De la bibin’ tant qu’ tu voudras :
Des mouss’s, des mouss’s il en pleuvra ! »

………………………………………………....

Penché à la portièr’ du train
Weaver manquait tout d’mêm’ d’entrain.
« Qu’est-ç’ donc encor ? T’as l’air braqué ! »,
Lui dit l’autr’ qui s’dandin’ sur l’ quai.

« C’est qu’j’m’inquiète aussi pour la bouffe :
Qu’est-ç’qu’y vont m’ servir ces pignouf(fe)s ?
J’aim’ pas l’poisson, ni l’bœuf, ni l’veau,
Ni le poulet, rien d’ ça n’ me vaut ;

J’aim’ que le lièvre et le lapin
En sauc’ pour y tremper mon pain ! »
« T’inquièt', mon pot’, c’est lessivé
Qu’ t’ laiss’ront les festins de civets ! »

………………………………………………....

Le chef de gar’ lèv’ son drapeau
Mais Weaver a l’air d’un crapaud :
« Putain, Benoît ! Et les gonzesses ?
‘Sont comment les Vaticannesses ?

C’est chaud dans le plumard papal ? »
« Tu rigol’s ? C’est l’ supplic’ du pal
Vingt-quatre heur’s sur vingt-quatr’ mon pote :
T’sais qu’ l’Eglise est contr’ la capote !!

Tu t’les enfil’s par tous les trous
Qu’ le Seigneur leur fit peu ou prou ;
Z’ont nibards comm’ des ananas ;
Et chatt’s comm’ pastèqu’s ces nanas !

………………………………………………………………………………………………

L’ train s’éloign’, Weaver gesticule,
Pendant qu’ B’noît Seiz’ récapitule :

« Des mousses
Des mousses
Des mousses
Des mouss’s il en pleuvra

Civets
Civets
Civets
Le bid’ tu t’en pèt’ras

Nanas
Nanas
Nanas
Par tous les trous t’auras ! »

………………………………………………………………………………………………

Au loin Weaver, point minuscule…
Mais toujours B’noît Seiz’ r’capitule :
« Des mousses,
Civets,
N’nas t’auras ! »

* Deus sive Natura : Dieu ou l'univers, c'est kif-kif. Cliquez sur la parenthèse pour lire le texte.

lundi 18 février 2013

« Redevenir entière, fière… »


Maïmouna Gueye
(une vidéo ici, mais le son est pourri)

Certaines mutilations ne sont pas irréversibles.

France Culture diffusait jeudi dernier, dans le cadre de l'émission Sur les docks, un reportage bouleversant sur un rite barbare dont on parle fort peu : l'excision, qu'il est désormais possible de réparer (ce dont on parle encore moins).
Trois femmes témoignent en toute simplicité de l'horreur qu'elles ont subie dans leur enfance :

mercredi 13 février 2013

D'une forme insidieuse de censure
(Notre-Dame-des-Landes passée à la
moulinette de France Culture)


À l'automne 2011, un journaliste de France Culture, Alain Lewkowicz, réalise un reportage à Notre-Dame-des-Landes, sur le site de la ZAD, pour le compte de l'émission de Sonia Kronlund, Les pieds sur terre.
Chouette initiative, dira-t-on, d'autant qu'il fallait alors attendre encore un an avant que la ZAD ne fasse parler d'elle hors de cercles restreints.
Les quatre heures d'enregistrement aboutissent à un montage de 28 mn, au format de l'émission, qui est diffusé le 27 octobre 2011 :





Mais en découvrant le résultat, les Zadistes sont écœurés.
Dans sa présentation générale, cette émission prétend « ouvrir une petite fenêtre sur ce réel qui nous échappe ou qui nous parvient toujours formaté. » Or, question formatage, le montage des reuches n'y va pas avec le dos de la cuiller !
À la trappe, la critique des médias dominants et la volonté de réappropriation de la communication ! Et, ouste ! il n'est même pas fait mention, hormis en une brève incise, de l'indignation motrice qui a déterminé la ZAD : la lutte contre le projet du nouvel aéroport et les magouilles Vinci-Ayrault.
Non, il ne reste plus qu'une gentille émission sur le sympathique mode de vie collectiviste de ces alternatifs champêtres et débrouillards. « Rencontres surréalistes », précise in fine le texte de présentation de l'émission…

Les zadistes récupèrent quelque temps après les reuches et remontent le tout selon leur goût, ce qui donne une émission beaucoup plus riche, même si moins "lissée" professionnellement, qui dure environ une heure trente.
Ce détournement d'un massacre — ou disons si on veut, cette restitution d'un discours très atténué — a été diffusé sur Radio-Usine (Genève), dans le cadre de l'émission De bruit et de fureur, le 29 avril 2012, agrémenté de pas mal d'ajouts :



Au final, cela en dit long sur les possibilités d'amplification ou de réduction qu'offre le travail de montage.
J'ai déjà mentionné — et même rendu hommage à — l'émission de Sonia Kronlund (ici et ), mais qui sait ? peut-être serait-il judicieux d'en faire superviser le montage par les premiers intéressés : les sans-nom qui causent au micro…

jeudi 7 février 2013

La vie stupéfiante

Non content d'alimenter en billets hilarants le blogue loufdingue intitulé L'Hippopotable (où rôde l'inquiétant Babinet —  « le Landru du crime ») et son indispensable supplément littéraire, le dénommé Paul Martin (qui sévit en outre — et en kiosques — dans les pages du Tigre) dessine parfois pour notre plus grand plaisir d'irrésistibles vignettes qu'il présente sur un site spécifique : La vie stupéfiante, par Paul Martin.
Quelques exemples de son humour à mon sens assez inédit…

Un dessin du 18 mars 2011, publié sous le titre Oui ! :

Sept jours plus tard, Enfin ! :

Le 29 mars 2011, Matheson 1, Magritte 0 (véritable coup de génie, celui-ci : je m'en mords la cervelle de ne pas y avoir pensé moi-même…) :

Le 2 avril 2011, Parfois… :
(Et le malicieux Paul de préciser : « Pour info, vu le nombre important de personnes interloquées par ce gag : il s'agit d'un bloc de béton armé, ce qui ne saute semble-t-il pas aux yeux. Je vais donc travailler le bloc de béton armé d'après modèle vivant. »)

Le 6 mai 2011, Restons sereins :
Tout d'abord, je tiens à démentir formellement les rumeurs
selon lesquelles notre entreprise traverserait une « crise sérieuse »

Ces dessins-là font partie des plus anciens publiés sur le blogue, mais il y en a désormais pas loin d'une centaine — et franchement, ça vaut le coup d'y aller voir !

mercredi 6 février 2013

Musique à Notre-Dame-des-Landes : l'ut des classes


« Nous voulons de la musique rebelle, de la musique de rue, de la musique qui brise cette peur de l’autre. De la musique de crise. De la musique immédiate. De la musique qui sache quel est le véritable ennemi. »
David Widgery

La musique de Notre-Dame-des-Landes est un défi splendide aux turpitudes des partis politiques, à la logique nuisible des firmes qui vendent le béton et la mort, et à l’abrutissement des flics surarmés qui assurent la survie de leur monde, celui-là même qu’ils ont réduit à l’état de marchandise en saccageant la nature et en enfermant la beauté dans les musées ; par sa spontanéité, sa grâce et un effet de miroir singulier, elle souligne le saisissant contraste entre eux et nous, elle fait sens tout en procurant du plaisir. Dès lors, sur les barricades il arrive parfois que nous lancions des pierres, des bouteilles vides, des morceaux de bois, tout ce qui peut nous servir à nous défendre contre la police et la gendarmerie dont les attaques dans les prés, les bois ou sur les routes ont pour objectif de réduire notre révolution à l’unique expression d’un mécontentement de paysans arriérés, associés à des écolos démagos qui cautionnent la violence (forcément) inacceptable d’une poignée d’anarcho-autonomistes. Or, si c’est bien sûr d’un changement politique radical qu’il s’agit dans cet admirable bocage, une véritable révolution copernicienne (ou aristotélicienne, je ne me souviens plus très bien) des âmes est également en cours, si l’on veut bien considérer ce concept non pas comme le résidu vaporeux d’une personnalité qui s’envolerait vers le ciel mais plutôt comme l’essence de notre singularité la plus intime, profonde et touffue comme un sous-bois magique, et constituée par notre sensibilité, nos souvenirs, nos intuitions et bien d’autres choses encore, mais je n’ai pas la place de tout écrire car on m’a demandé de faire court ; la tentation de parler de révolution Bakounino-Jungienne est grande… (hélas on m’a également demandé de ne pas développer d’idées trop fumeuses). Toujours est-il que le renversement de perspective qu’induit le processus nous faisant déserter le champ du monde spectaculaire pour pénétrer dans celui de nos émotions a comme conséquence une (re)connection merveilleuse avec nous-mêmes : la fluidité sensorielle inédite qui en résulte permet de nouer de nouveaux liens avec l’univers qui nous entoure, nous faisant vibrer avec lui, ici et maintenant. Ce cheminement personnel n’est certes guère aisé dans le contexte de notre aliénation quotidienne, et lui conférer une dimension collective serait une gageure invraisemblable si nous ne pouvions compter sur un atout majeur : la musique.
Celle qui se joue à Notre-Dame-des-Landes plaît modérément aux puissances mortifères qui sont à la manœuvre, et les effraie d’ailleurs à juste titre car à travers le message qu’elle véhicule parfois, la danse qu’elle déclenche souvent et la joie qu’elle prodigue toujours, elle motive, réchauffe et égaye les zadistes en donnant aux opposants le sentiment d’appartenir à une communauté solidaire, fraternelle et libre, capable de se transformer elle-même ainsi que le monde. Elle leur révèle ce fait, en vérité. Car nous sommes tous des zadistes, partout, toujours, le temps d’une journée (samedi 24 novembre 2012), d’une chanson (« Notre-Dame des oiseaux de fer » du Hamon-Martin Quintet) ou celui d’une « valse triste » à l’accordéon (Timothée Le Net).

Pour l’éternité.


lundi 4 février 2013

Et que là apparaisse la paresse…


Juillet 1994.
Irruption fracassante des Poissons Solubles dans le paysage musical français, hélas confinée à quelques happy fews.
Guetch écrit, Henri compose et Sandrine chante.
Le premier album s'intitule Les sept péchés capitaux, mais évidemment Guetch ne va pas se mettre à écrire des bondieuseries : tout en respectant la contrainte originelle, il organise le thème central de l'album autour de ce charmant phénomène tout féminin qu'on dénomme « menstrues » — le genre de truc qui emmène aux gogues
Sept morceaux, donc, illustrant chacun une anecdote à propos de demoiselles aux prénoms divers en même temps qu'ils déclinent des variations ragnagneuses autour des sept péchés (« Pô glacé » : tel était jadis le moyen mnémotechnique pour se souvenir des initiales d'iceux : Paresse, Orgueil, Gourmandise, Luxure, Avarice, Colère, Envie).
Voici La Paresse, dont Paul Lafargue, entre autres, fit l'éloge :