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mardi 29 mars 2011

Mieux vaut s'enfiler des coups de vin blanc que les clous de vingt bancs !

Le Marquis de l'Orée ayant choisi aujourd'hui d'écraser la plupart des six cents et quelques messages de son blogue, postés en moins de trois mois et tous hautement intéressants (au minimum), nous aussi nous résolvons à faire n'importe quoi :

mercredi 16 mars 2011

Les débuts de Manchette (1)


La balle de 22 fit un petit trou dans la toile. La détonation ne fut guère plus impressionnante que le claquement d'un fouet. Une corneille protesta dans la vallée. Luce éclata d'un petit rire rouillé, assez analogue au cri de la corneille.
Gros sourit avec suffisance.
— Je peux les mettre où je veux, fit-il. Je fais un autre trou ?
Luce examina la toile.
Elle l'avait peinte la veille, en cinq ou six heures. Autrefois, ça lui aurait pris beaucoup plus de temps. Des mois, probablement. Mais autrefois, elle croyait que l'Art existait, et qu'elle-même avait du talent.
Elle agita avec désinvolture son Upmann du matin.
— Vas-y à ta guise. Tout le chargeur. À ta guise. Fais ce que tu sens. C'est la spontanéité qui fait la valeur d'une création.
— Quoi ? demanda Gros.
— Tire, tire ; t'occupes pas de ce que je raconte. Tire.




Henri Butron est assis tout seul dans le bureau obscur. Il porte une veste d'intérieur à brandebourgs. Sa figure est pâle. Il sue lentement. Il a des lunettes noires sur les yeux et un chapeau blanc sur la tête. Devant lui, il y a un petit magnétophone, qui tourne. Butron fume de petits cigares et parle devant le magnétophone. Il trébuche sur certains mots.
La nuit est assez avancée et le silence total autour de la demeure, éloignée du port de Rouen.
Butron a terminé. Il se lisse la moustache et arrête le magnétophone. Il rembobine l'enregistrement. Il a l'intention de l'écouter. Sa propre vie le fascine.
La poignée de la porte grince. Butron bondit du fauteuil. La sueur jaillit de son front comme d'une olive pressée l'huile. La porte ne s'ouvre pas aussitôt parce que la serrure est fermée. Butron hoquette. Il n'y a aucune issue au bureau, que cette porte. Il aurait dû s'installer dans une autre pièce. Il est trop tard pour y penser. Quelqu'un envoie un coup de talon dans la porte, à la hauteur de la serrure ; ça casse, c'est ouvert. Butron essaie niaisement de s'incorporer au mur opposé. Il veut y enfoncer son dos. Ses mains griffent le papier à fleurettes, ses ongles pénètrent le plâtre qu'ils éraflent, ils se cassent.