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samedi 8 mai 2010

L'hymne de l'effondrement dans le monde exsangue




(Jean-Marc Vignon / François Andrieux - Hadi Kalafate),
1976, disque AZ/Discodis SG 598

1976. La politique gouvernementale n'est pas encore entièrement déclinée dans le langage de la publicité, c'est-à-dire du mensonge frontal mâtiné de méthode Coué, mais la France subit de plein fouet les effets du premier choc pétrolier et le nouveau Président commence à s'entourer de ce que l'on nomme aujourd'hui conseillers en communication (c'est l'année de création du Service d'information et de diffusion (SID), devenu le Service d'information du Gouvernement (SIG) en 1996). Ceux-ci inventent la publicité gouvernementale, avec un slogan bien chauvin qui envahit les ondes des radios :
« En France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées ! »

Un animateur de radio, Jean-Marc Vignon, chanteur à ses heures sous le nom de Marc Charlan, perçoit tout le ridicule de cette campagne publicitaire — dont les variantes actuelles composent le quotidien de notre dressage — et s'attelle aussitôt à rendre la honte plus honteuse encore en la livrant à la variétoche rockabilly. Il écrit les paroles de ce qui deviendra l'un des tubes de l'été 1976 en piochant dans les réclames débiles de l'époque (j'ai coloré en rouge dans le texte les allusions que j'ai repérées. La phrase « Je suis futé » fait référence au personnage de Bison Futé, inventé cette année-là par le publicitaire Daniel Robert pour le CNIR) :

Moi, j'ai pas d' pétrole
Mais au moins j'ai des idées
Ouais, j' vais pas à l'école
J'apprends tout par la télé
Et depuis qu' j'ai rien aux dents
Ça fait plaisir à maman
J' suis français
J' suis français

Moi, j'ai pas d' pétrole
Mais au moins j'ai des idées
Ouais, j'ai dit à Nicole :
Faut qu' tu portes un Cœur-Croisé
Il paraît qu' le thon c'est bon
Depuis, moi, j'en bouffe tout l' temps
J' suis français
J' suis français

Je m'en vais en Espagne
Je prends ma caravane
Et mon tricot d' corps en nylon
J' vais ramener des poupées
Une queue de taureau
Et des castagnettes en plastique
J'ai des idées
Je suis futé
Je suis français
Je suis français

Moi, j'ai pas d' pétrole
Mais au moins j'ai des idées
Ouais, j'ai un mini-truc
Mais il fait le maximum
Comme y a pas d' bulles dans mes fruits
J'ai plus d'aréophagie [sic]
J' suis français
J' suis français

Moi, j'ai pas d' pétrole
Mais au moins j'ai des idées
Ouais, j' suis pas une épave
J' garde une place pour le fromage
J'ai des petits pois chez moi
Je moquette [?] ma nana
J' suis français
J' suis français

J' bois du citron vert
Ça m' donne des couleurs
J'ai les fesses roses comme la douceur
Avec ma baguette et mon vieux béret
J'ai de la personnalité
J'ai des idées
Je suis futé
Je suis français
Je suis français

Moi, j'ai pas d' pétrole
Mais au moins j'ai des idées
Ouais, regardez Nicole
Elle lave comme à la télé
Elle fait un nœud au torchon
C'est comme ça qu'on lave maintenant
J' suis français
J' suis français

Moi, j'ai pas d' pétrole
Mais au moins j'ai des idées
Ouais, si j'ai un coup d' barre
Du pinard et ça repart
Je me porte comme un hercule
J' mets d' l'eau neuve dans mes cellules
J' suis français
J' suis français

J' suis français
Yahou !

« Tous ces objets que poursuit la foule, non seulement n'apportent aucun remède pour conserver notre être, mais ils y font même obstacle et, souvent cause de la perte de ceux qui les possèdent, ils sont toujours cause de la perte de ceux qui en sont possédés. »
Spinoza, Traité de la réforme de l'entendement, § 7 [Bruder],
tr. Michelle Beyssade

8 commentaires:

  1. et vous trouvez que ça pète été , vous ?

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  2. bira, je trouve tout simplement très estimable de savoir analyser lucidement ce qui se passe sous nos yeux, et ils n'étaient pas nombreux à le faire, à l'époque (quoique plus qu'aujourd'hui, sans doute).
    Quant à la musique, je n'apprécie guère le rockabilly, mais parfois ça passe.

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  3. ce poste is very very good, George

    don't look back.

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  4. l'Anonyme exclusif de ce blogue9 mai 2010 à 10:36

    Merci pour cette curiosité, cher George, dont je n'avais pour ma part gardé aucun souvenir. (En revanche, je me souviens, en complément du slogan "on n'a pas de pétrole mais on a des idées", de la mascotte rondouillarde avec un entonnoir sur la tête baptisée Gaspi, que l'on nous incitait à "chasser".)

    Vous savez à quel point je suis sous l'emprise du démon de l'analogie: les paroles de cette chanson m'ont tout de suite fait penser à deux autres, qui sont aussi des portraits de notre beau pays par détournement de ses clichés nationaux du moment (même s'il n'y a pas, comme chez Marc Charlan, de détournement verbatim de la propagande publicitaire):

    C'est ça la France, de Marc Lavoine (1996)

    J'aime un pays de Kent (1990), mon estimable compatriote, une chanson que je trouve très réussie et incisive.

    À ma connaissance, le plus ancien texte constitué par détournement de réclames est l'œuvre de… Rimbaud; c'est un sonnet significativement intitulé Conneries qu'il a noté dans l'Album zutique en 1871, et qui paraît être un collage de noms commerciaux et de slogans relevés dans la presse de l'époque:

    Al. Godillot, Gambier,
    Galopeau, Volf-Pleyel,
    - O Robinets ! - Menier,
    - O Christs ! - Leperdriel !

    Kinck , Jacob, Bonbonnel !
    Veuillot, Tropmann, Augier !
    Gill, Mendès, Manuel,
    Guido Gonin ! - Panier

    Des Grâces ! L'Hérissé !
    Cirages onctueux !
    Pains vieux, spiritueux !

    Aveugles ! – puis, qui sait ? -
    Sergents de ville, Enghiens
    Chez Soi ! - Soyons chrétiens !

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  5. arrêtez d'écouter radio parisi

    radio paris ment
    radio paris ment
    radio paris est allemand

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  6. Merci, cher Anonyme, pour ces deux chansons ignorées de moi et ce texte dont les exclamations me font penser à Mes petites amoureuses.
    Du coup, j'ajouterais bien cette chanson de Maxime Le Forestier (période potable) : J' m'en fous d' la France.
    Mais j'y pense : si vous n'avez gardé aucun souvenir de J' suis français, sans doute cela n'a-t-il pas autant été un tube qu'il m'en souvient. Il me semble pourtant que ça passait en boucle sur les radios périphériques, durant le bouillant été 1976…

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  7. je le savais, je le savais que vous alliez le refourger comme chez Alberte, le j'm'en fous de la France

    Stormy weather, je vous dis !

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  8. Impossible de mieux faire pour servir Spino, je veux dire pour qu'il soit audible, plus justement écouté.

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